•  "Mais tant qu'une civilisation n'a pas dépassé le stade où la satisfaction d'un certain nombre de membres a pour condition l'oppression des autres, qui sont peut-être la majorité, et c'est le cas de toutes les civilisations actuelles, il est compréhensible que ces opprimés développent une hostilité intense envers la civilisation qu'ils rendent possible par leur travail, mais dont les biens ne leur échoient que pour une petite part."

     

    Le titre de ce court essai est assez théâtral : d'une part il présentifie l'image d'un Freud prophète annonçant les temps futurs, d'autre part il condense un paradoxe, car dans l'opinion commune une illusion est par définition sans avenir. Un tel titre renvoie donc aux enjeux politiques et culturels de la question religieuse, plus qu'à la construction de la théorie psychanalytique. 

       

    L'Avenir d'une illusion (1927)

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  • Au-delà du principe de plaisir (1920)

     

    "Pour beaucoup d'entre nous il peut aussi s'avérer difficile de renoncer à croire que l'homme lui-même est habité par une pulsion de perfectionnement qui l'a fait parvenir au haut niveau actuel des prestations intellectuelles et des sublimations éthiques, et dont on est en droit d'attendre qu'elle pourvoira à son évolution jusqu'au surhomme.  Simplement, je ne crois pas à une pulsion interne de ce genre et je n'aperçois aucune voie permettant d'épargner la critique à cette illusion bienfaisante." 

     

    Cet essai est la réponse que Freud élabore devant la crise de la technique analytique (cf. Lacan, Sém.II) qui s'était très vite rabattue sur une recomposition du Moi (ce que maintiendra l'ego psychologie). Dans "Au delà..." il s'agit de réaffirmer le décentrement fondamental du sujet qui fonde la méthode psychanalytique. Le Moi est clairement posé comme instance imaginaire, principe de résistance aux modulations inconscientes qui insistent sur le mode de la répétition. Lacan commente : le Moi a précisément une fonction d'escamotage de l'ordre symbolique que Freud indique sous le concept d'instinct de mort.

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  • "Quelle force doit avoir l'obstacle à la civilisation constitué par l'agressivité, pour que lutter contre puisse rendre tout aussi malheureux que l'agressivité elle-même !"

     

    Freud ici se demande si le conflit entre l'individu et les exigences de la civilisation est fatal (fin du chap.III). Il cherche à expliquer d'un point de vue psychanalytique les difficultés persistantes du travail de civilisation qui se cristallise dans un commandement affolant : "Aime ton prochain comme toi-même". Au fond il étend à la civilisation le constat dont prenait acte "Au-delà du principe de plaisir". Un texte pessimiste mais lucide qui, devant les progrès stupéfiants de la science, rappelle la prévalence du langage des pulsions et invite par conséquent au travail éthique.

       

    Le malaise dans la civilisation (1930)

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  • Le séminaire sur la lettre volée (26 avril 1955)

    Illustration : Tristan Meudic, références en cliquant ICI.

     

    On appréciera la démarche toujours formative de Lacan par laquelle il se soustrait à l’exposé théorique comme à la linéarité cartésienne, en menant plutôt une analyse du récit, préférant ainsi nous faire entendre, presque palper, ce qu’il en est du signifiant. L’introduction qui, dans les Ecrits, suit la conférence et est censée l’éclairer (en tant que ce qui suit explicite ce qui précède) participe de cette démarche déstabilisante donc stimulante ; pour le coup on a droit ici à une formalisation ardue et franchement décourageante, frustrante : avec des suites mathématiques, Lacan démontre comment le signifiant impose sa loi à la mémoire (ou aux processus inconscients de la mémoration). Et il s’arrête là. Le lien avec le séminaire sur la lettre n’est pas tissé. Le lecteur est ainsi conduit à reprendre le texte de la conférence, à faire retour, en ayant en tête les développements de l’introduction, où Lacan insiste tout de même sur la difficulté de ce qu’il propose : son programme est un défi qui implique une « conversion subjective ». Ainsi le lecteur est-il convoqué à participer à l’élaboration de la réflexion, sommé d’y « mettre du sien ».

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    • La psyK a affaire avec l’éthique car elle déploie l’interrogation de l’homme quant à sa propre action ainsi que la possibilité d’un idéal de conduite (idéal de l’amour, idéal d’authenticité, idéal de non-dépendance) ; en outre elle a d’emblée affaire à l’univers morbide de la faute (dont elle a mis au jour l’attrait). 

    • « Le pas fait au niveau du principe de plaisir, par Freud, est de nous montrer qu’il n’y a pas de Souverain Bien, que le Souverain Bien qui est das Ding, qui est la mère, l’objet de l’inceste, est un bien interdit et qu’il n’y a pas d’autre bien. Tel est le fondement renversé chez Freud de la loi morale. »
     
    • Ce que dévoile la psyK : « Wo es war, soll ich werden » (ascèse freudienne), ce que Lacan amplifie : ne pas céder sur son désir (modèle d'Antigone).
       

    Notes sur L'Ethique de la psychanalyse (Séminaire VII, 1959-60)

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