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Par genet le 3 Août 2015 à 17:16
Un titre en forme d'interpellation ou d'injonction : qui dit cela ? De quoi est-il question ?
Soudain surgit le corps malade, vieilli, handicapé, soudain devant moi le corps entamé, difforme ou souffrant. C'est l'autre, heureusement. Mais un jour "ce que je redoute m'arrive", et me voilà à mon tour meurtri, diminué. Soudain le corps ne répond plus, il devient poids de souffrance ou d'impuissance.
Ce que l'on croyait connaître, ce que l'on croyait maîtriser à force de science (biologique, chimique, génétique), à force de chirurgie, de diététique et de normes socio-culturelles, le corps, ce fétiche post-moderne, se révèle soudain d'une mystérieuse opacité, palpitant d'inquiétante étrangeté.
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Par genet le 3 Août 2015 à 17:12
Largement en tête des expressions les plus prisées, quel que soit le contexte, le lieu d’où l’on parle, on trouve cette périphrase magique : prendre en charge.
A la Poste, un conseiller clientèle s'empressera de vous "prendre en charge", idem chez votre assureur où l'on "met tout en oeuvre pour prendre en charge votre appel"; consciente de ses responsabilités, l'Education Nationale quant à elle prend vaillamment en charge les inégalités, et votre banque n'est pas en reste, qui généreusement se propose de prendre en charge votre demande de prêt.
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Par genet le 21 Juin 2015 à 18:51
La dépendance, le mot est galvaudé dans nos sociétés folles d'étiquetage, pour qualifier ceux d'entre nous qui ne peuvent subvenir à leurs besoins les plus élémentaires : se nourrir, se laver, se déplacer. Pour le reste, malgré la complexité, et même l'extrême raffinement, des besoins de l'homme, la question de la dépendance ne se pose pas... On aurait pu, par exemple, poser le problème de la dépendance culturelle, mais enfin non. Il y a aussi la dépendance économique, mais celle-là, elle va de soi ; on a d'ailleurs coutume de présenter les pauvres comme dépendant des largesses des riches, sans voir que le contraire est peut-être encore plus vrai... La dépendance est souvent à double sens, mais bon, on ne va pas épiloguer.
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Par genet le 20 Juin 2015 à 23:14
La péridurale se popularise dans les années 1970 pour désigner l'anesthésie d'une zone située le long de la colonne vertébrale, entre les cervicales et le sacrum ; l'espace péridural, fait de graisses et de vaisseaux sanguins, est ainsi désigné parce qu'il recouvre la dure-mère, une gaine rigide qui a elle-même pour fonction de protéger la moelle épinière. L'application la plus répandue de la péridurale est, on le sait, l'analgésie de l'accouchement. Le bénéfice immédiat est la disparition de la douleur, ce qui pour beaucoup suffit à abolir toute forme de discussion sur l'opportunité de l'intervention ; à ce sujet, on n'hésite pas à comparer l'événement à une extraction dentaire...
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Par genet le 20 Juin 2015 à 18:50
Préface
par Hélène Genet
Un titre adressé à la dépendance, figure emblématique de notre paysage social, récente et pourtant déjà familière, figure que nous tutoyons tous les jours, sans y penser vraiment... sans songer à toutes les pratiques, toutes les représentations qu'elle véhicule innocemment, sans réfléchir au programme qu'elle contient ni aux douces injonctions qu'elle banalise. Et pourtant elle nous tient, par définition, nous retient... peut-être même nous maintient-elle voire nous soutient. Il était donc temps de lui faire face, afin d'examiner ce qui se joue dans cette étiquette, ce concept médico-administratif si promptement galvaudé.
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